Le film de Hakob Melkonyan si original et « pénétrant » comme a pu le souligner Jacques de Larosière, a provoqué un débat passionné et passionnant. « Nous étions frères », le titre dit tout : l’union hier, les divisions et les déchirements aujourd’hui. Pourquoi ? Beaucoup d’interrogations, voire de confusions demeurent. Mais comment pourrait-il en être autrement ! Les nationalismes haineux ont éclaté au lendemain de la chute de l’URSS, ils sont exacerbés aujourd’hui dans un contexte de crises où les puissants veulent récupérer les territoires pour mieux servir leurs intérêts, qui économiques, qui énergétiques, qui géopolitiques… Russie, Azerbaïdjan, Turquie, Iran, Etats-Unis, Europe… OUI, nous sommes tous responsables. Mais ne nous y trompons pas, l’Artsakh, berceau de l’Arménie, et l’Arménie, un des berceaux de la Chrétienté, sont menacés dans leur existence et dans leur identité même par l’Azerbaïdjan et la Turquie (qui ne l’oublions pas a exterminé les Arméniens lors du génocide de 1915).

Haines séculaires et intérêts géopolitiques se mêlent : ces deux-là  ont noué un accord pour faire passer le gaz russe à travers l’Arménie via un corridor rejoignant le Nakhitchevan (exclave de l’Azerbaïdjan au sud de l’Arménie) pour pouvoir livrer l’Europe, qui à notre plus grande honte, a déjà signé avec les assassins, au lieu de les sanctionner. Ceux-ci doivent être dénoncés comme criminels contre l’humanité et devront être poursuivis et traînés devant la Cour de Justice de La Haye…

Protéger l’Arménie doit devenir une priorité. L’Union européenne sera-t-elle capable d’accueillir les Arméniens ? Comme réfugiés aujourd’hui, et comme membres demain ? Rien n’est moins sûr. Pourquoi alors et dès maintenant ne pas en faire un Etat associé comme l’a proposé Philippe Herzog ? Ces questions, nous les mettrons dans le débat de la campagne qui s’ouvre pour le renouvellement du Parlement européen… Mais sans attendre, car il y a urgence, aidons les Arméniens, mobilisons nos sociétés pour qu’ensemble nous empêchions le massacre : c’est l’humanisme qui est menacé !

En chantant pour les Arméniens, c’est ce qu’a voulu exprimer Hengameh Bertschi, notre amie iranienne, engagée pour l’émancipation des peuples et leur liberté. Elle a été accompagnée par Arsen Petrosyan, maître de duduk et Astghik Snetsunts à la harpe. Deux artistes talentueux qui sont venus exprès d’Arménie nous offrir un moment magique où tous les rêves les plus fous, ceux de la paix, étaient permis…

Claude Fischer Herzog.